
Chaque année, l’industrie blockchain attire des talents venus du monde entier, des investisseurs toujours plus ambitieux et des entreprises en quête de modèles durables. Mais derrière cette effervescence, une question demeure : qu’en est-il concrètement des rémunérations, des conditions de travail et des écarts persistants entre profils dans ce secteur en pleine structuration ?
C’est à ces interrogations que répond le Blockchain Compensation Survey 2024, mené par Pantera Capital. Avec plus de 1 600 réponses issues de 77 pays, ce rapport s’impose comme l’un des baromètres les plus crédibles pour comprendre les dynamiques de l’emploi Web3. Il embrasse une diversité de domaines DeFi, CeFi, gaming, NFT, infrastructure, consommation et prend en compte tous les stades de développement, de la startup naissante en seed aux entreprises déjà bien établies en Series C et au-delà.
Au-delà des chiffres bruts, l’étude s’intéresse aussi aux dimensions sociales du secteur : rôle du diplôme, disparités de genre, place du télétravail, spécificités liées à la rémunération en tokens. Le résultat dessine un tableau contrasté, révélant un univers professionnel à la fois innovant et encore éloigné des standards du marché de l’emploi traditionnel.
La montée en puissance des salaires versés en crypto
L’un des enseignements majeurs de l’étude est la progression spectaculaire du nombre de salariés payés en crypto-actifs. Alors qu’ils n’étaient que 3 % en 2023, ils sont désormais 9,6 % en 2024, soit une multiplication par trois en un an.
Ce chiffre illustre une évolution profonde : le paiement en crypto sort de l’expérimentation pour s’ancrer comme une pratique de plus en plus normale. Mais cette tendance cache une réalité nette : les stablecoins dominent sans partage.
- L’USDC représente 63 % des cas recensés.
- L’USDT arrive en deuxième position avec 28,6 %.
- Les autres actifs (ETH, SOL) apparaissent marginaux.
Deux explications principales émergent : la recherche de stabilité, condition indispensable pour sécuriser les revenus des employés, et la liquidité, qui facilite l’échange rapide en monnaie fiduciaire. Le poids de l’USDC s’explique aussi par le fait que les grands prestataires de paie mondiaux (Deel, Remote, Rippling) l’intègrent massivement, contrairement à l’USDT.
« Les stablecoins pourraient devenir la prochaine opportunité à mille milliards de dollars, en créant un pont solide entre finance traditionnelle et blockchain », estiment Mason Nystrom et Ryan Barney.
Ce basculement n’est donc pas seulement une anecdote sectorielle : il signale que la rémunération en crypto devient un instrument structurant, soutenant l’idée que la blockchain peut remodeler des pans entiers de l’économie.
Télétravail, hybride ou retour au bureau ?
L’étude confirme que l’ADN du Web3 reste marqué par le travail à distance : 82 % des salariés évoluent encore en télétravail intégral. Mais cette proportion diminue, en recul de près de 6 points par rapport à 2023.
Le travail hybride se maintient autour de 11 %, tandis que le présentiel progresse sensiblement : 6 % en 2024, contre seulement 1,5 % un an plus tôt.

Ce frémissement traduit une évolution intéressante. Là où les géants du Web2 (Meta, Google, Amazon) imposent déjà un retour plus strict dans les bureaux, l’écosystème blockchain conserve une souplesse conforme à son esprit décentralisé. Mais certains signaux indiquent que les entreprises Web3, à mesure qu’elles se professionnalisent, cherchent aussi à renouer avec des dynamiques de collaboration physique.
« Alors que les grandes entreprises technologiques multiplient les politiques de retour au bureau, la culture Web3 reste ancrée dans le travail distribué et décentralisé », souligne le rapport, qui insiste sur cette différence culturelle forte entre les deux mondes.
Diplômes : une valeur décroissante dans le Web3
Dans l’économie traditionnelle, la règle est simple : plus le diplôme est élevé, plus le salaire l’est. Le Web3 inverse cette logique.
- Bachelor : salaire moyen 286 039 $, médian 150 000 $
- Master : salaire moyen 214 359 $, médian 148 500 $
- Doctorat : salaire moyen 226 858 $, médian 200 000 $
Paradoxe : les titulaires de Master perçoivent en moyenne moins que ceux qui se sont arrêtés au Bachelor. Quant aux Doctorants, s’ils affichent une médiane plus élevée, leur faible nombre rend les conclusions plus fragiles.

Ce renversement met en lumière une réalité centrale du Web3 : ce sont les compétences pratiques, l’expérience concrète et parfois l’autodidaxie qui priment. De nombreux développeurs issus de parcours atypiques, voire sans diplôme, obtiennent des salaires blockchain élevés grâce à leur savoir-faire technique.
« Dans certaines spécialités, comme la cryptographie ou la recherche académique, un diplôme avancé reste toutefois un atout stratégique », précise le rapport.
Genre et rémunérations : une équation complexe
72,6 % des répondants au sondage sont des hommes, contre 25,9 % de femmes et une minorité d’autres identifications.
En termes de rémunération, le tableau est contrasté. Dans le marketing, les opérations et le business development, les femmes perçoivent une médiane supérieure à celle des hommes. En revanche, elles sont moins bien rémunérées dans l’ingénierie et les fonctions exécutives.

Cette différence s’explique en partie par la stratégie de négociation. Les hommes acceptent plus volontiers des packages incluant tokens et equity, souvent assortis d’un salaire fixe plus bas mais d’une espérance de gains supérieurs à long terme. Les femmes privilégient, elles, la stabilité immédiate du revenu de base.
« La variabilité liée aux compensations en tokens rend difficile une comparaison stricte des revenus totaux entre genres », rappelle le rapport, soulignant que la valorisation future des actifs reste incertaine.
Une photographie détaillée des salaires blockchain par fonction
Les écarts selon les métiers et le stade de maturité des entreprises dessinent une cartographie fine.
- Executives et fondateurs : de 120 000 $ en seed à près de 293 000 $ en Series C+.
- Ingénierie : progression spectaculaire, notamment chez les juniors (+25,6 % à 148 000 $). Les Series B se distinguent avec une médiane de 198 000 $.
- Product managers : progression régulière, avec des seniors dépassant 190 000 $.
- Marketing et Go-to-Market : de 70 000 $ en junior à 191 000 $ en senior, avec des pics à 223 000 $ en business development.
- Finance & Accounting : jusqu’à 250 000 $ en senior.
- Opérations : médiane à 195 000 $ en senior, avec un sommet de 245 000 $ en Series C.
- Juridique : les Series C affichent 305 000 $ de médiane, un record parmi les fonctions support.
Ce panorama montre que, contrairement à d’autres secteurs, la valeur ajoutée des ingénieurs reste particulièrement récompensée, tandis que les fonctions support stratégiques (juridique, finance) connaissent elles aussi une forte valorisation à mesure que les entreprises se structurent.
Tokens et equity : le long terme s’impose
La norme des plans de vesting sur quatre ans s’est généralisée, passant de 64 % des cas en 2023 à près de 88 % en 2024. Les schémas plus courts deviennent marginaux.
Les montants attribués varient considérablement selon les secteurs : DeFi (10 000 $), CeFi (28 075 $), Gaming (20 000 $), Consumer (70 000 $), Infrastructure (80 000 $), NFT (250 000 $).
« Les vestings sur 4 ans sont devenus la norme absolue, signe que les entreprises blockchain privilégient l’engagement de long terme », souligne Pantera.
Vers plus de transparence et de clarté
Pantera Capital insiste sur un point fondamental : jusqu’ici, l’écosystème blockchain souffrait d’un manque criant de repères fiables en matière de rémunérations blockchain. L’objectif de ce rapport est de fournir une base de données solide pour permettre aux entreprises de calibrer leurs offres et aux professionnels de négocier avec plus de visibilité.
« Nous croyons au pouvoir karmique de la transparence dans l’industrie blockchain. En partageant ces données, nous aidons les entreprises et les talents à prendre de meilleures décisions », rappelle l’équipe de Pantera.
Conclusion
Le Blockchain Compensation Survey 2024 révèle une industrie en plein mouvement :
- de plus en plus ouverte au paiement en crypto (notamment via les stablecoins),
- fortement marquée par le télétravail mais avec un frémissement de retour au bureau,
- structurée par des hausses salariales notables pour les ingénieurs,
- et caractérisée par une remise en cause du lien traditionnel entre diplôme et rémunération.
En somme, le Web3 se distingue par sa capacité à valoriser les compétences pratiques, son attachement à la flexibilité organisationnelle et sa volonté de construire un cadre plus transparent.
Ce rapport constitue une étape clé pour comprendre la manière dont la blockchain redéfinit non seulement la finance, mais aussi le marché du travail lui-même.
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