Les marchés prédictifs, consistant à miser son argent sur des résultats futurs incertains, sont une industrie âgée de plusieurs siècles.
C’est une industrie qui change constamment de forme. Même au cours des dernières décennies, l’industrie des paris a évolué pour prendre place sur Internet. Et depuis 2024, il semblerait que l’industrie des marchés prédictifs s’apprête à évoluer de nouveau.
La technologie de la blockchain a permis l’émergence de nouvelles plateformes comme Polymarket et Kalshi, qui se sont fait particulièrement remarquer lors des élections américaines.
Non seulement les marchés prédictifs sur la blockchain présentent plusieurs avantages comparés aux sites de pari classiques, mais en plus ils peuvent profondément modifier l’industrie des paris sur le long terme.
Ce fut le point de départ d’une compétition acharnée entre Polymarket, Kalshi ainsi que tout un ensemble de marchés prédictifs concurrents pour s’imposer dans cette industrie en plein développement.
Les sites de paris sur la blockchain
Avant même d’aborder la compétition qui a lieu en ce moment même dans ce secteur, il faut savoir pourquoi les marchés prédictifs sur la blockchain sont aussi intéressants par rapport aux sites de paris classiques.
Anticiper des événements
Bien que certains événements soient imprévisibles et que des acteurs soient parfois incités à diffuser des informations erronées, les paris sur la blockchain fournissent des indices précis sur la façon dont les événements vont se dérouler.
De nombreux professionnels de la blockchain (dont Vitalik Buterin) s'accordent à dire que les marchés prédictifs constituent une source d'information très efficace.
Lors des élections américaines de 2024, Polymarket a prédit l’issue d’une multitude d’événements plusieurs jours avant que ces derniers soient relayés par les médias traditionnels. Voici les événements qui ont été anticipés :
- La retraite du candidat Joe Biden
- L’élection du prochain président
- La parti qui possède la majorité à la chambre des représentants
Quelques jours avant que l’information ne soit transmise, les probabilités augmentent considérablement en faveur de ces événements, ce qui permet de les anticiper avant leur confirmation.
Evaluer des situations
Au-delà de leur capacité à anticiper l'issue d'un événement, les probabilités annoncées par les marchés prédictifs sont également utiles pour évaluer des situations de toutes sortes, y compris géopolitiques.
Par exemple, il y a des paris sur l’évolution des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (dite “Fed”) : pour chaque réunion de la Fed, il y a un pari au cours duquel les utilisateurs cherchent à anticiper l’évolution des taux directeurs.

Actuellement, les taux directeurs de la Fed, c’est-à-dire le taux d’intérêt auquel les banques américaines se prêtent de l'argent entre elles se situe entre 3.5% et 3.75% par an.
Si on se fie à l’image ci-dessus, ces taux directeurs devraient rester constants lors de la prochaine réunion de la Fed qui aura lieu le 28 janvier 2026.
À première vue, c’est un pari comme un autre. Mais dans les faits, les taux directeurs de la Fed impactent l’économie à l’échelle mondiale, et les conséquences sur les marchés financiers mondiaux seraient considérables si ces taux étaient modifiés, d’où la nécessité de pouvoir anticiper ces évolutions des taux.
En un sens, les sites de paris sur la blockchain permettent d’obtenir une “synthèse” de toutes les opinions sur un sujet donné, ce qui est particulièrement utile dans un environnement où tout va de plus en plus vite, et où les sources d’information laissent de moins en moins de place à la nuance.
Améliorer les marchés prédictifs dans leur ensemble
Même si l’industrie du pari en ligne (plus particulièrement celle des paris sportifs) est très réglementée, plusieurs lacunes pénalisent les utilisateurs.
Quelle que soit la structure de liquidité des plateformes de paris, les commissions sont élevées :
- Commissions des bourses de paris : 2 à 5% du montant
- Marge des bookmakers : 5 à 10% du montant
En comparaison, les commissions sur Polymarket et Kalshi se situent entre zéro et 2%, donc des commissions moindres.
Plus les paris sont exotiques, plus les commissions sont élevées. Cette augmentation des commissions est compréhensible car elle vise à décourager la manipulation du marché. Mais elle est beaucoup moins justifiable pour un bookmaker, où les cotes sont fixes, puisque le bookmaker agit en tant que contrepartie pour tous les paris.
En parlant des bookmakers, une étude a révélé que ceux-ci fixent des marges bénéficiaires plus élevées pour les paris avec des cotes plus faibles afin de sous-estimer les taux de perte moyens.
L'étude a pris comme exemples les paris sur le football et le tennis, où les taux de perte réalisés étaient respectivement supérieurs de 20% et 40% aux taux de perte moyens impliqués par la somme totale de toutes les cotes des paris étudiés. Cela laisse supposer que les bookmakers sont avantagés à l’insu des utilisateurs.
Mais lorsqu’un site de pari est créé sur la blockchain, tout le monde joue avec les mêmes règles et toutes les données sont auditables.
Ainsi, la blockchain peut améliorer les marchés prédictifs dans leur ensemble avec des commissions moindres et plus de transparence.
Pour toutes ces raisons, les marchés prédictifs sur la blockchain se sont considérablement développés depuis l’année 2024, avec des paris de plus en plus diversifiés (paris sportifs, paris sur la tech, ou même des paris culturels).
La compétition entre Polymarket et Kalshi
Mais si le secteur s’est autant développé récemment, c’est parce que la compétition fait rage depuis le succès massif de Polymarket.
C’est le scénario classique : dès qu’une application connaît un succès fulgurant, les concurrents arrivent en masse pour proposer leur propre version, et ce scénario est valable aussi bien dans la blockchain que dans n’importe quelle autre industrie.

Dans le cas des marchés prédictifs, nous avons deux noms qui à eux seuls concentrent la grande majorité des paris réalisés sur la blockchain, à savoir Polymarket et Kalshi.
Ces deux marchés prédictifs représentent aussi deux visions opposées qui s’affrontent, entre Polymarket qui fait le choix d’être entièrement sur la blockchain, et Kalshi qui est assimilable à une plateforme d’échange centralisée.
Polymarket
En se fiant à l’historique des marchés prédictifs, Polymarket fait partie des toutes premières applications décentralisées en la matière. Ce marché prédictif a été lancé en 2020 sur la blockchain Polygon, et utilise le stablecoin USDC pour les transactions.
Son plus gros parti pris est de tout faire sur la blockchain. Chaque pari est relié à un smart contract, on utilise les stablecoins USDC pour réaliser les transactions et l’évolution des cotes est aussi réalisée sur la blockchain.
L’avantage le plus évident de cela est que toutes les transactions et les contrats sont enregistrés sur la blockchain, ce qui garantit une traçabilité publique et une exécution automatisée des paris.
De plus, certains paris sur Polymarket n’imposent pas de frais. Les seuls coûts sont les frais de réseau de la blockchain Polygon, qui sont suffisamment faibles pour être considérés comme négligeables.
Bien qu’il n’y ait pas la possibilité de créer ses propres paris, l’ancienneté de Polymarket lui permet d’offrir une grande gamme de sujets, y compris des sujets insolites.
Malgré tout ça, Polymarket possède aussi des défauts :
- L’expérience utilisateur, qui est le défaut logique après avoir pris le parti de tout faire sur la blockchain. Pour utiliser Polymarket, il faut savoir comment utiliser un portefeuille crypto et utiliser des stablecoins, ce qui dissuade beaucoup d’utilisateurs de se lancer.
- L’incertitude réglementaire. Bien que Polymarket ait récemment racheté une bourse agréée (QCEX) pour réintégrer le marché américain, les relations avec les régulateurs sont tendues
- Le trucage des paris. Entre les délits d’initié et les manipulations en tous genres pour influencer l’issue de certains paris, l’équité de Polymarket est souvent remise en question. La transparence inhérente à la blockchain n’éliminera jamais la volonté de tricher chez certains utilisateurs.
Ce sont ces trois problèmes qui ont motivé entre autres la création de Kalshi, pour se positionner en tant que concurrent direct.
Kalshi
Le parti pris de Kalshi est très simple. Il consiste à prendre les trois problèmes de Polymarket mentionnés précédemment et à apporter une solution pour chacun d’entre eux.
- L’expérience utilisateur. La plupart des détenteurs de cryptomonnaies réalisent leurs échanges via des plateformes centralisées, donc l’expérience utilisateur de Kalshi est comparable à une plateforme d’échange centralisée, ce qui est plus attirant pour des utilisateurs que d’utiliser un wallet.
- Incertitude réglementaire. Kalshi est reconnue comme une bourse agréée par la CFTC (Commodity Futures Trading Commission) aux États-Unis, donc elle doit obéir à des cadres réglementaires notamment liés à la sécurité des fonds.
- Le trucage des paris. Kalshi choisit une transparence moindre, pour avoir des mécanismes de prévention contre les délits d'initiés et les manipulations de marché.
Tout ceci fait que Kalshi est beaucoup mieux adapté pour attirer des utilisateurs qui ne sont pas forcément familiers avec la blockchain, y compris des institutions.
En parallèle de la facilité d’accès, le statut de “plateforme régulée” de Kalshi facilite grandement les partenariats avec d’autres acteurs majeurs, que ce soit dans la fintech avec Robinhood, les autres plateformes d’échange avec Coinbase, ou encore dans le sport avec la NHL (Ligue nationale de Hockey) où Kalshi a accès aux données propriétaires de la ligue.
Cependant, le parti pris pour la régulation implique aussi des inconvénients, à commencer par la variété des paris. Puisque chaque marché doit être conforme aux règles de la CFTC, Kalshi peut aborder moins de sujets différents.
La régulation impose également des restrictions concernant l’accès à Kalshi.Chaque utilisateur doit vérifier son identité avant d’accéder à la plateforme (Polymarket n’impose pas cette vérification), et quand bien même cette vérification serait validée, l’accès pourrait être bloqué car certaines juridictions interdisent les paris en ligne.
Pour finir, le dernier inconvénient de Kalshi est qu’il impose environ 1% de frais en moyenne sur chaque transaction réalisée, à contrario de Polymarket où aucun frais n’est prélevé en dehors des frais de réseau.
Les nouveaux concurrents
Nous avons beaucoup parlé de Polymarket et de Kalshi puisque ce sont les deux plateformes qui cumulent le plus de volumes au cours des derniers mois. Mais cela ne doit pas pour autant minimiser d’autres concurrents qui sont arrivés récemment, dont voici une liste non-exhaustive :
- Opinion.trade, un marché prédictif spécifique à l’écosystème de Binance
- Truemarkets, une plateforme sur Base où les fonds utilisés pour les paris sont utilisés pour générer des rendements en attendant que les paris soient résolus
- Seer, un projet français où n’importe quel utilisateur peut créer ses paris
- Rain, un marché prédictif spécifique à Arbitrum où il est possible de créer des paris publics (n’importe qui peut parier) ou privés (accessibles seulement sur invitation où le créateur du pari décide du gagnant).
Ce ne sont que quelques exemples parmi les plusieurs dizaines de marchés prédictifs existants aujourd’hui, une preuve que le développement de ce secteur ne fait que commencer.
L'avenir des marchés prédictifs
Si on peut voir autant de marchés prédictifs qui se développent, c’est parce que les élections américaines de 2024 ont montré qu’il existe une vraie demande pour réaliser des paris sur la blockchain. Chacun veut avoir sa part du gâteau, et cela pousse les équipes de développement à innover, et même à créer des fonctionnalités qui ne peuvent fonctionner que sur la blockchain.
Dans le même temps, Polymarket et Kalshi ont pour objectif de devenir leader dans le domaine des marchés prédictifs. Ces deux plateformes cherchent à obtenir l’avantage dès maintenant, car d’ici quelques années, l’une des deux deviendra le leader désigné et sa position sera beaucoup plus difficile à contester par rapport à aujourd’hui.
Cela explique leur volonté commune de multiplier les partenariats et les levées de fonds. Les équipes de Polymarket et Kalshi ont conscience que la distribution est primordiale pour s’imposer comme leader, et toutes leurs actions ont pour but de maximiser la distribution.
Il est également possible que plusieurs marchés prédictifs puissent coexister sur le long terme, avec plusieurs domaines différents ayant chacun leur leader.
En tout cas, la blockchain a le potentiel pour impacter l’industrie des paris en ligne sur le long terme, d’où l’intérêt de suivre ce secteur de près.
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